Maire-info
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Édition du lundi 23 mai 2016
Transports

Carburants : plusieurs régions touchées par la pénurie

« Il n’y aura pas de pénurie ». Le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies, s’est voulu rassurant hier soir, alors que plusieurs régions, notamment à l’ouest et dans le nord du pays, connaissent une situation préoccupante en termes d’approvisionnement en carburant. Ce matin, de nouveaux blocages de dépôts ont démarré.
C’est depuis le recours à l’article 49-3 pour faire passer dans discussion à l’Assemblée le projet de loi de Myriam El Khomri qui plusieurs syndicats, dont la CGT et FO, ont décidé de durcir le mouvement en organisant ou le blocage ou la grève de raffineries et de dépôts de carburant.
Deux situations sont clairement à distinguer, selon Alain Vidalies : celle des dépôts ou des raffineries à l’arrêt suite à une grève de leurs salariés, qui exercent donc « leur droit de grève légitime », et les blocages « de l’extérieur »  – souvent du fait de chauffeurs routiers qui craignent de voir, suite à la loi Travail, le montant de leurs heures supplémentaires dévalorisé. Selon le secrétaire d’État aux Transports, le gouvernement utilisera « la force publique »  uniquement pour débloquer les dépôts bloqués de l’extérieur. Cela a été le cas samedi et hier, à Rouen, Lorient et Dunkerque. Ces déblocages par les CRS avaient commencé en fin de semaine en Bretagne, au Grand-Quevilly près de Rouen, et dans le Nord.
Hier soir, cinq gros dépôts restaient bloqués, deux suite à une grève des salariés (Donges et Dunkerque) et trois de l’extérieur (Le Havre, Cournon-d’Auvergne et Douchy-les-Mines. Depuis cette nuit, le très important dépôt de Fos-sur-Mer, près de Marseille, est bloqué à son tour par « 500 militants syndicaux », indique l’AFP.
Quant aux raffineries, c’est-à-dire la source de l’approvisionnement, elles sont ce matin dans une situation plus tendue : selon France info, qui relaye les déclarations d’un responsable de la CGT Pétrole, six sur les huit que compte le pays sont « soit à l’arrêt soit en phase d’arrêt »  (Gonfreville-l'Orcher, Donges, Grandpuits, Feyzin, Provence-la-Mède et Martigues).
Ces blocages et ces grèves ne sont évidemment pas sans conséquence sur l’approvisionnement à la pompe. Selon Alain Vidalies, hier soir, 1 500 stations-service sont en rupture partielle ou totale (sur 12 000), essentiellement dans les Hauts-de-France, en Île-de-France, en Bretagne et en Normandie. Pour faire face à cette situation et aux files d’attente qui s’allongent dans les stations-service encore approvisionnées, plusieurs mesures ont été prises : le gouvernement a autorisé la circulation des camions citernes ce week-end, et un certain nombre de préfectures (Ille-et-Vilaine, Côtes-d’Armor, Finistère, Orne, Loire-Atlantique, Vendée, Mayenne, Eure…) ont pris des arrêtés limitant le volume de carburant autorisé à la pompe. D’autres ont interdit le remplissage de carburant en jerrycan.
La situation semble ce matin très contrastée selon les régions et les chaînes d’approvisionnement. Si plusieurs régions, comme l’a souligné hier soir Alain Vidalies, ne connaissent pas la moindre pénurie, certains départements et certains distributeurs sont beaucoup plus en difficulté : dans l’Oise, la Seine-Maritime et la Somme, par exemple, la marque Esso annonce une rupture « à 100 % sur le gasoil ».
Comme toujours dans ce type de situations, aux cas de pénurie réelle se surajoute un effet « psychose » : les automobilistes, qui anticipent une éventuelle pénurie, prennent d’assaut les stations-service, ce qui aggrave la situation. C’est pourquoi le gouvernement cherche à tout prix à se montrer rassurant : Alain Vidalies a rappelé hier que le pays disposait de « réserves stratégiques »  permettant de faire face à « 90 jours de consommation », et qu’à ce jour elles n’ont pas été entamées.
F.L.

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